Les rassemblements ayant ponctué la fin de semaine de « Homecoming » a donné lieu à des débordements regrettables. Les slogans misogynes peints sur des draps ornant comme des étendards quelques demeures aux abords du campus étaient particulièrement abjects et révoltants. On doit se réjouir du fait que le Principal Deane ait promis des procédures disciplinaires aux fautifs par l’entremise du « Student Code of Conduct ». Mais ce serait évidemment une erreur de croire qu’il s’agit d’incidents isolés. Il faut dire et redire que de tels messages s’inscrivent dans une culture où la violence à l’égard des femmes et des personnes s’identifiant en tant que femme, le fait de les traiter en objet, est banalisé, voire normalisé. C’est inacceptable et nous n’avons pas l’accepter.
Une étude du Ministère des collèges et universités en Ontario dévoilée en 2020 a permis de constater l’ampleur du défi : 71,4% des personnes sondées à Queen’s ont rapporté avoir subi du harcèlement sexuel, bon pour le 2e rang en Ontario, en majorité de la part de collègues étudiants. 30,8% ont déclaré avoir été victime d’agression sexuelle (4e rang). Les messages bruyants et ostentatoires qui se sont imposés dans le paysage du campus cette fin de semaine contribuent à normaliser des comportements prédateurs perpétuant cette culture du viol. Il nous appartient de les dénoncer de la manière la plus forte. Nous en appelons également au respect et à l’empathie envers toute personne, qu’il s’agisse d’une femme, d’une personne trans ou d’un membre de la communauté LGBTQ2+, d’une personne noire, membre des Premiers Peuples ou membre d’une quelconque minorité. Ce n’est qu’en enracinant en chacun de nous cette empathie fondamentale pour autrui – que ce soit par la lecture, des rencontres directes ou celles permises par les arts – qu’on parviendra en tant que communauté à enrayer cette culture toxique où un humour débilitant est le prélude à l’impunité.
Stéphane Inkel, Directeur
Département d’études françaises